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Panel 2b : Migrations et Révolutions

Animé par : Gildas SIMON, Thomas LACROIX et Kamel DORAÏ

Cette atelier se veut l'expression des travaux menés dans le cadre du dictionnaire des migrations internationales (Armand Colin, 2016)

Ukraine and the Arab springs : Two Revolutions at European Borders 

Mattia BONFANTI (PhD candidate in Political Science at Aix-Marseille Université) & Nazarena BONFANTI (MA graduate of the University of Bologna in Interdisciplinary Research and Studies on Eastern) 

Présentation en langue anglaise

This paper aims at illustrating a joint case study about two recent crucial events at the borders of Europe. Although with different epiphenomena, both the Arab spring and the Ukrainian conflict produced two significant waves of migration towards Europe from its neighbourhood.

In the aftermath of the collapse of the USSR Ukraine, as well as many other Eastern European countries, undertook a sudden opening towards the Western world. The 1990s are years characterised by spatial discoveries ; in 1993 permits for going abroad were no longer necessary and Ukrainians began migrating. One of their favourite target countries became undoubtedly Poland. Thus the established mechanism of circular migration between Ukraine and Poland represents a win-win situation for both Poles and Ukrainians : the former are not forced to put into practice any integration policies, while the latter carries out solely short- term stays in Poland (only the time for some profits). But what happens when in the South- Eastern area of Ukraine a conflict erupts and Ukrainians decide to move to their neighbouring European country ?

On the other side, the so-called Arab Spring uprisings urged EU member states to reconsider once again the overall regional context. The Union is embedded in its continental roots, meaning that all geopolitical circumstances should be considered while framing the European Neighbourhood Policy (ENP). Confronting the latter with national practices has become a priority as much as the need to differentiate the approaches towards Eastern and Southern neighbourhoods.

The juxtaposition of the two revolutions points out a NIMBY syndrome with a clash between border nation states and less-exposed countries that has nothing to do with civilisation but only with geographical conditions and the European decision-making process. The failure to tackle the migration waves in the two case studies is a consequence of two revolutions which appear to be different. Yet some convergences between them can be found when looking at the European’s contradictory reactions that were put in place instead of a long-term plan strategy to deal with an already ordinary phenomenon of international relations. 

L’Ukraine et le printemps arabe : Deux révolutions aux frontières de l’Europe

Cette présentation est fondée sur une étude comparative concernant deux évènements cruciaux qui ont eu lieu aux frontières de l'Europe. Bien que de nature différente, les Printemps Arabes et le conflit ukrainien ont généré deux vagues migratoires importantes vers l'Europe. 
Dans le contexte l'Ukraine postsoviétique (qui concerne également les autres pays de l'Europe de l'Est) s'est produit une ouverture soudaine sur le monde occidental. Les années 1990 se caractérisent par une ouverture spatiale. La suppression des permis pour quitter le pays en 1993 s'en est suivie d'une émigration de l'Ukraine, essentiellement dirigée vers la Pologne. La mécanique de l'émigration circulaire entre les deux pays a constitué une situation gagnant-gagnant pour les deux pays. La Pologne fait l'économie d'une politique migratoire tandis que les immigrants bénéficient d'un court séjour pour gagner de l'argent. Comment le conflit a-t-il interrompu cette situation ? 

De l'autre côté de la Méditerranée, le Printemps Arabe a conduit les États de l'UE à reconsidérer le contexte régional méditerranéen. Ancrée dans ses racines continentales, l'Union conçoit les circonstances géopolitiques par le filtre de la politique européenne de voisinage (PEV). L'articulation entre cette politique et les pratiques nationales est devenue une priorité au même titre que la nécessité de différencier les approches envers les voisinages au Sud et à l'Est.

 

Migration et asile en Tunisie et en Libye après les révoltes : continuités, discontinuités et ruptures

Hassen BOUBAKRI (Pr. de géographie - Université de Sousse - Tunisie) 

Cette présentation mettra l’accent sur les effets sur les flux migratoires des situations nées des révoltes sur la rive sud de la Méditerranée. Ces nouvelles situations migratoires se caractérisent par, ou la continuité, ou la discontinuité ou la rupture.

La continuité est révélée par les flux de migrants, toujours renouvelés, parfois à caractère massif, qui ont continué à partir des rives africaines de la Méditerranée en raison de l’effondrement, temporaire au début de l’année 2011 en Tunisie, prolongé depuis 2011 en Libye, du contrôle des frontières maritimes. Ces deux pays demeurent donc des zones de transit et départ en direction des côtes italiennes, avant comme après 2011.

Les signes de discontinuités sont appréhendés surtout en Tunisie où les pouvoirs publics hésitent entre rigidité et souplesse dans le traitement de la circulation ou de la présence des étrangers sur le territoire tunisien. La Tunisie n’a par exemple pas encore intégré une loi sur l’asile dans son ordre juridique interne, tout en tolérant la présence de camps et d’un nombre plus grand de réfugiés et de demandeurs d’asile. Les modes d’administration des migrations irrégulières restent soumis aux logiques des politiques migratoires européennes, ce qui n’empêche pas les décideurs tunisiens d’être plus à l’écoute des avis de la société civile par exemple.

Les situations de ruptures sont nombreuses aussi. L’effondrement de l’État libyen depuis 2011 a totalement bouleversé la situation des migrants dans ce pays et a perturbé les routes et les carrefours migratoires qui jalonnaient les espaces migratoires connectés à ce pays depuis les profondeurs sahéliennes en passant par le Sahara et États voisins de la Libye. L’explosion de plusieurs foyers de violence et de terrorisme (dont certains sont liés aux conséquences de la guerre en Libye en 2011 : Mali) a donné lieu à de nouvelles vagues de réfugiés qui fuient les zones de guerres anciennes (Corne de l’Afrique, Darfour…), réactivées (Sud-Soudan) ou nouvelles (République Centrafricaine, Nord-Est du Nigéria). Les réseaux de trafic de migrants et de traite d’êtres humains profitent du contexte de violence et de terrorisme qui secoue toute la bande sahélienne du Nigéria à l’Ouest à la Corne de l’Afrique à l’Ouest pour recruter les migrants et les demandeurs d’asile et les conduire vers les côtes méditerranéennes de l’Europe en passant par les pays de transit où l’autorité des États a disparu (Libye) ou s’est affaiblie (Tunisie).

 

L’indépendance des républiques d’Asie centrale : changement politique et révolution migratoire ?

 Julien THOREZ (Chargé de recherche au CNRS - Monde iranien et indien UMR 7528)

Les républiques d’Asie centrale connaissent, depuis la disparition de l’URSS en 1991, une existence inédite, en tant qu’États indépendants et souverains. Depuis, migrations post-impériales – russophones – et migrations post-coloniales – centrasiatiques – coexistent pour faire de la région, à l’exception relative du Turkménistan et surtout du Kazakhstan, une terre d’émigration. Cette communication se propose de revenir sur les liens entre changement politique et changement migratoire, en questionnant l’existence d’une rupture dans la trajectoire migratoire des pays centrasiatiques en 1991.  

 

Mobilité révolutionnaire ou révolutionnaires mobiles ? Parcours d'anarchistes et engagement internationaliste au XIXe siècle  

Axel BARENBOIM (Doctorant en sociologie historique et politique - Université Paris Ouest Nanterre / Sophiapol)

Parcourir une biographie collective d’internationalistes anarchistes de la fin du XIXe siècle donne une idée de l’importance de la question migratoire et de l'exil politique dans les parcours des militants révolutionnaires.

Cette communication, fondée sur l’analyse prosopographique des délégués du Congrès international socialiste-révolutionnaire de Londres de 1881 (dont le but état de refonder l’Association Internationale des Travailleurs sur des bases anti-autoritaires), montre comment l’exil provoqué par une activité politique dans un contexte répressif est souvent le point de départ d’une carrière de militantisme international, ayant ensuite des conséquences sur le parcours migratoire et l’engagement politique des acteurs.

À partir de l’observation de la circulation de militants russes, allemands et italiens entre la France, la Suisse, la Belgique et l’Angleterre nous montrerons le lien entre migrations et internationalisme au XIXe siècle, ainsi qu’entre internationalisme et parcours migratoires. Ces expériences de la migration politique ont, d’une part, une influence sur le choix d’un engagement internationaliste - qui, tout en étant localisé, s’inscrit dans des réseaux transnationaux - et contribuent, d’autre part, à l’élargissement de l’horizon d’attente révolutionnaire et au développement d’une conscience globale anarchiste.

 

 

 

 

 

 

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