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Panel 4a : Mobilités académiques

Animé par : Étienne GÉRARD

 

La migration des étudiants africains en Chine 

Boris BERTOLT (Doctorant en histoire - Université Charles De Gaulle Lille 3) 

À côté des migrations économiques, paradigme dominant et largement documenté, les migrations académiques prennent progressivement de l’ampleur à l’échelle internationale. Un phénomène qui entraîne des transformations importantes dans les projets migratoires, les trajectoires et les routes de la migration. Dans ce registre, les étudiants africains apparaissent aujourd’hui comme les champions de la migration, traversant des frontières ils explorent en permanence de nouveaux exils scientifiques. Si pendant longtemps, compte tenu des facteurs historiques, sociologiques, géographiques, les pays du Nord, sont restés les principales destinations des étudiants africains, la Chine apparaît désormais comme un acteur important des processus migratoires. Il s’agit dès lors d’une inversion des schèmes de représentation de la migration.

En dépit du fait que la Chine reste perçue dans les imaginaires en Afrique comme un pays du Tiers-Monde, l’intérêt de plus en plus important qu’elle suscite aux yeux des étudiants africains pose un ensemble de questions : Qu’est-ce qui fait de la Chine un pôle d’attraction pour les étudiants africains ? Quels sont les facteurs qui ont entraîné un basculement des imaginaires ? Quelles sont les conséquences globales de ce changement de paradigme ? Ainsi, cet article a pour objectif au-delà d’étudier la migration des étudiants africains en Chine, qui reste jusqu’ici peu documentée, mettre en exergue la politique chinoise d’attraction des étudiants internationaux originaires du continent africain, examiner les changements de paradigme dans les routes migratoires des étudiants africain.

Ainsi, une première partie sera consacrée à une évaluation de la présence des étudiants africains en Chine et leurs origines géographiques. Par la suite nous examinerons les facteurs d’attraction qui font de la Chine un nouvel « eldorado » académique et enfin nous montrerons comment les migrations académiques vers la Chine s’inscrivent dans une stratégie globale de construction de la puissance chinoise. 

 

Des « ambassadeurs » africains pour les universités canadiennes. Recherche et sélection d’étudiants africains : illustrations maliennes

Kévin MARY (Enseignant-chercheur en géographie - Université Via Domitia Perpignan) 

Cette communication propose une lecture des mobilités académiques à travers le prisme d’un groupe social : celui des élites. À travers l’exemple des étudiants maliens du Canada issus de familles d’élite, elle souhaite montrer comment une destination d’études a pu être érigée en « destination pour riches » au Mali, ainsi que la manière dont ce processus est alimenté par les universités canadiennes qui mettent en place des politiques attractives à destination des étudiants étrangers les plus solvables. Afin d’illustrer ce propos, la communication s’appuiera sur l’exemple de l’université de Moncton, qui a su depuis une dizaine d’années attirer des étudiants issus des familles les plus riches du Mali, grâce notamment à l’embauche d’un ancien étudiant malien de cette université. Devenu « promoteur » au Mali de la destination d’études qu’est Moncton, cet « ambassadeur » effectue un travail de recruteur dans son pays d’origine, avec pour mission la sélection de futurs étudiants maliens au sein des familles les plus riches du Mali, et donc au prix d’un important tri social. Dans cet effort de promotion d’une université « périphérique » du Canada auprès d’un public malien encore peu coutumier des universités canadiennes, se dessine un véritable processus de « fabrication » d’une élite locale formée à l’étranger, excluant dans le même temps d’autres couches sociales souvent résignées à devoir suivre des formations supérieures au Mali.

La communication est basée sur un terrain d’un mois en 2010 à l’université de Moncton (Canada) au cours duquel des entretiens avec des étudiants maliens ont été menés. Elle s’appuie également -et plus particulièrement- sur le suivi au cours de plusieurs années (plusieurs entretiens couplés à des phases d’observation) de la personne en charge des recrutements d’étudiants maliens pour le compte de l’université de Moncton, à la fois dans cette ville et à Bamako, la capitale du Mali. 

 

Mobilités académiques et formation des élites libanaises

Lama KABBANJI (Démographe - IRD/CEPED) & Hala AWADA (Doctorante - Université libanaise - Liban)

Depuis le début des années 2000, l’enseignement supérieur au Liban, dominé par le privé, connaît une profonde restructuration liée aux changements en cours au niveau international. L’une des manifestations en est l’homogénéisation des cursus universitaires et leur alignement avec les réglementations internationales, qui s’est traduite en partie par la mise en place au début des années 2000 du système LMD, notamment dans la perspective de voir reconnaître les diplômes universitaires libanais à l’étranger. Par ailleurs, le Liban se caractérise par l’un des taux d’émigration des étudiants et des travailleurs hautement qualifiés les plus élevés de la région. La France est la principale destination des étudiants libanais inscrits dans un programme d’enseignement supérieur, suivie par les États-Unis.

Dans un tel contexte, il est intéressant de s’interroger sur les effets des mobilités étudiantes et académiques sur la structuration du champ libanais de formation et de recherche. Nous examinerons dans cette recherche à la fois des questions liées aux caractéristiques du champ académique lui-même (notamment le degré d’autonomie de ce champ par rapport au politique et les différences entre le public et le privé) de même que les modalités d’accès et de réussite dans ce champ (notamment en terme de recrutement ; de conditions d’accès à la permanence et de promotion ; de pratiques de la recherche). Plus précisément nous posons les questions suivantes :

-Est-ce que le fait d’avoir obtenu un diplôme de doctorat à l’étranger constitue un capital qui influe sur l’insertion professionnelle sur le marché du travail scientifique au Liban ? Nous examinerons ici les mécanismes d’insertion et de promotion différenciés entre le public et le privé 

-Est-ce que le fait d’avoir effectué des études ou des séjours académiques à l’étranger constitue un capital qui influe sur la pratique de la recherche et de quelle manière ? Nous comparerons ici les pratiques de recherche (thèmes de recherche, financements, publications, insertion dans des réseaux nationaux et internationaux de recherche) des migrants de retour et des non migrants dans le public et le privé.

Les analyses se basent sur l’exploitation des données d’une enquête quantitative et qualitative menée entre juin 2015 et février 2016 au Liban. Cette enquête a été conduite auprès d’enseignants, de chercheurs et de post-doctorants en poste dans les départements de sciences sociales (économie, sociologie et sciences politiques) des quatre principales universités libanaises. 

 

La mobilité internationale des doctorants : façonnage d’espaces professionnels et extra-professionnels

Marie SAUTIER (Assistante étudiante - Université de Lausanne - Suisse), Nicky LE FEUVRE (Pr.Université de Lausanne - Suisse) & Dominique VINCK (Pr. Université de Lausanne - Suisse) 

Partant de plus d’une centaine d’interviews réalisées avec des doctorant·e·s, des docteur·e·s et des post-doctorant·e·s ayant réalisé tout ou partie de leur thèse à l’étranger, nous tentons de rendre compte de façonnage d’espaces relationnels académiques, familiaux et extra-familiaux. Mobilisant les réseaux de relations avec des personnes, des objets et des contenus issus de la trajectoire scolaire, familiale et extra-familiale, les doctorants internationalement mobiles opèrent des reconstructions biographiques passant par la construction de nouveaux liens et la transformation de leurs réseaux générant ainsi des espaces académiques, familiaux et extra-familiaux (amitiés, engagements sociaux, etc.). Ces reconfigurations portent sur les milieux d’origine et du pays d’accueil, mais modifient aussi les rapports entre régions du monde. Les configurations socio-scientifiques ne résultent alors pas seulement de l’agrégation statistique des comportements des individus, mais des articulations entre les configurations relationnelles et sociotechniques des uns et des autres.  

 

 

 

 

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