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Panel 4c : Enseigner les migrations

Animé par : Adélina MIRANDA & David LESSAULT

 

Les migrations internationales dans l’enseignement supérieur au Sénégal : le cas du Master Migrations Internationales et Relations Interculturelles de l’UCAD (Sénégal)

 

Papa SAKHO (Enseignant-chercheur en géographie - Université Cheikh Anta Diop de Dakar - FLSH/IPDSR)

Les migrations sont dans l’enseignement supérieur un objet d’étude partagé par plusieurs disciplines des sciences humaines et sociales. Dans chaque champ disciplinaire (sociologie, géographie, démographie, économie, politique, droit, histoire…), elles sont enseignées comme variable des mouvements de populations et des faits de société. Mais de plus en plus, dans les universités du Nord, les migrations internationales deviennent des champs spécifiques d’enseignement (Instituts et Hautes écoles de démographie, d’économie, de sociologie, de sciences politiques, … etc.) dans un contexte marqué par la mondialisation. Si ces enseignements peuvent déboucher sur diffusion de connaissances pointues, elles restent productrices de grilles de lecture généralement étriquées liées à la différence de définitions et méthodes d’approche du phénomène.

Par contre dans les pays du Sud, en particulier de ceux d’Afrique, les migrations internationales comme une thématique spécifique d’enseignement restent encore essentiellement dans les champs disciplinaires. Toutefois, les enjeux politico-économiques depuis le début des années 2000, sous la houlette des institutions internationales et partenaires au développement (PNUD, OIM, elles apparaissent timidement comme domaine d’études orientées (transferts, migrations de retour, droit des migrants, etc.). Il est ainsi aussi du Sénégal, où les établissements d’enseignement supérieur dispensent dans facultés les migrations internationales (UGB, UASZ, UCAD).

Il s’agit dans cette communication verser dans la réflexion de l’atelier l’expérience de l’Institut de Population et Développement (IPDSR) fondée sur une approche pédagogique holistique des questions de population à travers un enseignement pluridisciplinaire. Depuis 2008, l’IPDSR a mis en place un Master Migrations Internationales, Développement et Relations Interculturelles (MIRI). L’enseignement pour but de donner aux étudiants de différentes disciplines des sciences humaines et sociales les fondamentaux pour appréhender à la fois les migrations internationales comme mouvement de population et comme fait de société.

L’analyse repose sur l’exploitation de données tirées de procès-verbaux de réunions académiques, de rapports de séminaires et d’ateliers de renforcement de capacité, de travaux de recherche menés par les produits de la formation.

La communication, après avoir dégagé le contexte, sera structurée par trois axes : le processus de la conception, la mise en œuvre et les enseignements.

 

Relations interethniques, transnationalisme, dépassement du nationalisme méthodologique : l’enseignement de la sociologie des migrations à l’URMIS

Swanie POTOT (Sociologue - chargée de recherche au CNRS - Unité de recherche Migrations et société)

Cette communication entend revenir, de façon critique, sur les évolutions des théories mobilisées dans l’enseignement de la sociologie des migrations depuis une quinzaine d’années, notamment à l’URMIS (Unité de recherche Migrations et société).

On balayera ainsi à grands traits cette thématique de recherche en France depuis les travaux précurseurs d’A.Sayad, en explorant les différents domaines qui se sont développés à partir des années quatre-vingt-dix sous diverses influences épistémologiques, notamment états-uniennes. On montrera comment le champ et les enseignements qui y sont associés se sont structurés en deux tendances, avec d’un côté les théories de l’ethnicité qui ont accompagné les travaux sur les discriminations et le racisme et, de l’autre, les théories du transnationalisme liées à l’étude de « la mondialisation » et de ses mobilités. On soulignera la mesure dans laquelle ces mutations sont simultanément le résultat d’une double évolution : celle des paradigmes des chercheurs et celle de la réalité sociale à observer et l’on interrogera les effets d’école de l’enseignement de ces paradigmes.

 

MIGRINTER et le développement au Sud : une coopération féconde avec l’Université de Dschang

Pierre KAMDEM (Pr. de géographie - Université de Dschang - Cameroun)

Sur la base quelques indicateurs clés tels que les stocks de populations migrantes, les chiffres des entrées annuelles et des naturalisations, le Cameroun se positionne depuis longtemps comme l’un des principaux pays pourvoyeurs de migrants d’origine subsaharienne en France. Or dans l’abondante littérature retraçant les travaux scientifiques français en matière d’immigration en particulier, et de migrations internationales en général, ce pays n’occupait jusqu’alors qu’une place assez congrue, derrière les populations de la vallée du fleuve Sénégal auxquels l’essentiel des travaux à visée subsaharienne était consacré. Par ailleurs, les atouts géopolitiques du Cameroun en font une terre d’accueil et de transit pour bon nombre de migrants des Suds. En accompagnant matériellement et techniquement depuis 2010 la mise en place du programme de formation MIMDEL (Master professionnel Migrations internationales, mondialisation et développement local), MIGRINTER a permis par le biais d’une convention de coopération universitaire d’amorcer le comblement d’un vide.

 À travers les principaux résultats de la collaboration universitaire avec Dschang, cette communication vise à porter un témoignage de la dynamique du laboratoire MIGRINTER qui, au lendemain de son vingtième anniversaire, a marqué autrement sa maturité en portant davantage dans les Suds, sa mission de développement de la formation et de la recherche par des outils tels que la création de formations de Master, l’enseignement, l’encadrement d’étudiants, la production scientifique ou encore l’organisation d’évènementiels scientifiques. Autant de résultats encourageants dans la perspective de l’intégration de Dschang dans le développement du réseau international de recherche actuellement en gestation au laboratoire et qu’il convient de prolonger dans une perspective de recherche sous-régionale arrimée au futur programme Erasmus Mundus.

 

Des relations interethniques aux espaces et sociétés : Évolution du Master Migrations Internationales de l’Université de Poitiers 

Véronique LASSAILLY-JACOB (Pr. émérite - Université de Poitiers) 

Cette communication aura pour objet d’éclairer, dans le Master Migrations internationales de l’Université de Poitiers, l’évolution des thèmes enseignés au regard des contextes politiques, économiques et sociaux. Inscrit dans la continuité du DEA « Migrations, espaces et sociétés » créé par Gildas Simon à l’Université de Poitiers en 1991, ce Master, formation pluri-disciplinaire tout d’abord intitulée, Migrations internationales et relations interethniques, propose depuis 2006 deux voies de spécialisations, l’une en Master Recherche Migrations internationales, espaces et sociétés et l’autre en Master professionnel Migrations internationales, conceptions de projets en coopération pour le développement.

Cette communication s’intéressera aux enseignements du Master Recherche offerts entre 2006 et 2013. À travers leur analyse, elle tentera d’apporter des éléments de compréhension des changements observés sur la place et le rôle des migrants internationaux dans la transformation des sociétés et des territoires tant dans les pays de départ que de transit et d’accueil. Une attention particulière sera apportée au thème des migrations de crise, illustré par des enseignements et par des synthèses de mémoires d’étudiants.

 

 

 

 

 

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