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Panel 3c : Migrations et changement urbain

Animé par : Franz BUHR & Françoise DUREAU

 

Quand la centralité commerciale d’immigrés se heurte au cosmopolitisme : cohabitation et conflits autour du commerce ethnique dans deux quartiers parisiens 

Ya-Han CHUANG (Docteure en sociologie - Paris-IV Sorbonne - GEMASS) 

S’appuyant sur une comparaison entre deux quartiers parisiens concentrant une « mono-activité » immigrée – le quartier de Popincourt dans le 11e arrondissement et le quartier de Château d’eau dans le 10e arrondissement -  cet article se propose d’analyser le processus de négociation entre les entrepreneurs ethniques et les « autochtones » lors duquel une série des normes intervient et transforme le regard de l’«altérité ».  Dans ces deux quartiers, on assiste à un processus paradoxal depuis les années 1980 : la gentrification des quartiers et la succession d’entrepreneurs ethniques. Une situation conflictuelle s’établit ainsi entre la logique des habitants gentrifieurs et celle du commerce ethnique. À Popincourt, en critiquant la « mono-activité », les habitants du quartier se révoltent et exigent l’intervention publique pour réinstaurer l’image d’un « village urbain » (Zukin 2008). Par conséquent, les commerçants sont invités à participer aux festivités locales tout en réduisant leur activité commerciale (Chuang et Trémon 2013). À Château d’eau, lorsque le syndicat et la mairie dénoncent le « trait humain » et les « pratiques mafieuses », ils participent à renforcer un stigmate racialisant sur la communauté des coiffeurs. Par ailleurs, la demande des gérants des salons pour les aider à sortir de l’économie informelle en reconnaissant la singularité d’un savoir-faire artisanal africain a été ignorée par les acteurs français. De cette comparaison ressort ainsi une ambiguïté des rapports sociaux autour de la centralité commerciale des migrants. Dans les deux quartiers, la défense de la justice sociale ou spatiale conduit à délégitimer la présence du commerce ethnique. Bien que la ville de Paris tâche de promouvoir l’image d’une ville cosmopolite, l’« authenticité » des vies de ces migrants demeure cachée face au récit cosmopolite de la ville encourageant les citadins de « consommer l’authenticité » (Zukin 2008). 

 

« Rester en ville » dans des logements de qualité. Le rôle du secteur associatif et militant à Bruxelles

Marie CHABROL (Enseignante-chercheuse - Université de Picardie Jules Verne - EA Habiter le Monde) & Caroline ROZENHOLC (MAA ENSAPVS-ENSAPLV - CRH - Lavue)

Dans le cadre d’une recherche internationale, pluridisciplinaire et comparative intitulée « Rester en (centre)-ville » qui interrogeait les questions de résistance et de résilience de la ville ordinaire dans quatre capitales européennes (Paris, Lisbonne, Bruxelles, Vienne), nous avons travaillé sur un quartier de Bruxelles nommé Heyvaert. À proximité du centre-ville, à cheval sur deux communes très populaires (Anderlecht et Molenbeek), il s’agit historiquement d’un quartier d’accueil et de ressources pour des migrants primo-arrivants (Espagnols dans les années 1950, Marocains depuis les années 1960, Africains subsahariens depuis les années 1980, Brésiliens et originaires du Moyen-Orient plus récemment). Depuis des décennies, ceux-ci y trouvent des logements plus accessibles en termes de coût et de garanties à fournir que dans le reste de la ville. Cette fonction d’accueil est encore aujourd’hui d’actualité à Heyvaert, d’autant qu’il y a peu de logements sociaux à Bruxelles et que le parc locatif privé se ferme progressivement aux immigrés pauvres. Mais elle est menacée par la pression immobilière croissante et les volontés politiques de changement urbain et social, via des programmes résidentiels pour couches moyenne et supérieure déjà réalisés dans les quartiers alentour et en projet à Heyvaert même. 

À partir de ce terrain, nous souhaiterions revenir pour l’atelier « Migration et changement urbain » sur le travail d’associations qui produisent du logement social de très bonne qualité dans ce quartier largement délaissé par les services publics. Leur logique est double. D’une part, anticiper la dynamique de gentrification en achetant et en réhabilitant des logements là où ils sont encore accessibles financièrement. D’autre part, permettre à des populations vulnérables de se loger près du centre de la capitale dans des logements d’une qualité exceptionnelle (spacieux, lumineux, bien isolés, refaits à neuf), alors qu’ils étaient auparavant soit totalement exclus du marché du logement (en foyer d’accueil par exemple), ou condamnés à demeurer dans le parc social de fait.

Deux points nous semblent particulièrement intéressants à discuter lors de cet atelier : (1) l’engagement militant et résistant de ces associations et (2) les discours et pratiques des habitants qui accèdent à un logement dont ils n’auraient jamais pu bénéficier sans l’aide des associations, et, par là, peuvent être et rester en ville, mais dans un quartier qu’ils n’ont pas choisi et dont les activités légales ou illégales (commerce de voiture d’occasion, vente de drogue et violences liées) les conduisent à toutes sortes d’accommodements.

 

Les Roms roumains à « El Cabanyal » (Valence). Politique urbaine, migrations et logement

Francisco TORRES PEREZ & Miguel Ángel MONSELL LIERN (Département de sociologie et d’anthropologie sociale - Université de Valence - Espagne)

El Cabanyal est un quartier populaire sur le front maritime de Valence. Il était prévu une opération urbanistique, type Haussmann, pour prolonger une grande avenue jusqu’à la Promenade Maritime et qui supposait la démolition d’une partie du quartier (reconnue comme BIC, Bien d’Intérêt Culturel). Cela avait généré un large mouvement d’opposition contre les plans de la Mairie, « Salvem el Cabanyal », et qui a mené manifestations, performances artistiques, etc., avec le soutien d’une partie du quartier et des secteurs professionnels de la ville.

Comme une mesure de pression, la Mairie avait laissé se dégrader la partie du quartier concerné et une trentaine de familles Roms roumaines se sont installées dans ces maisons (une partie desquelles étaient en ruine). Ces Roms, comme d’autres qui habitent Valence, subsistent par leur participation à l’économie de la récupération (tout type d’objets jetés, ferraille, etc.), la mendicité - quelques femmes - et des occupations temporaires dans le bâtiment et les travaux agricoles. L’installation des Roms et leurs activités, particulièrement le stockage de la ferraille, ont généré des plaintes des voisins contre eux. Maintenant, la nouvelle corporation de gauche a paralysé le plan urbanistique et est en train de mener un plan de renouvellement intégral, « qui doit respecter la trame urbaine et sociale du quartier ».

Cette communication présente l’inclusion des familles Roms dans le quartier avec un regard croisé de trois axes : migrations internationales, politiques urbaines et logement. Pour ce faire, nous parlerons des trajectoires résidentielles et de travail de ces familles, de leur utilisation par la Mairie antérieure comme un élément, parmi d’autres, de « dégradation induite » du quartier afin de légitimer son projet urbanistique et les relations interethniques générées au quartier et de l’image que suscitent les Roms parmi des voisins.

 

Las periferias urbanas y los patrones migratorios en Veracruz

Hipólito RODRIGUEZ (Antropólogo e investigador - CIESAS GOLFO - México) & Rosío CORDOVA (Antropóloga e investigadora - Universidad Veracruzana - México)

El proyecto Movilidades y periferia (CONACYT/CIESAS) realizó una estudio en cuatro contextos territoriales situados en el sur y el centro del estado de Veracruz, México (una ciudad industrial-petrolera (Minatitlán), una ciudad de servicios agropecuarios (Acayucan), una región indígena (Sierra de Santa Martha) y una ciudad capital (Xalapa)) para responder a las siguientes preguntas: ¿qué relación hay entre las áreas de crecimiento urbano (periferias) y los procesos de movilidad regional e internacional? ¿las áreas de asentamiento periférico se alimentan de flujos migratorios ? ¿detonan procesos de movilidad interna o internacional ? ¿cuál es el futuro de las áreas de expansión ante la creciente movilidad a larga distancia de los miembros de los hogares ?

La investigación planteó tres niveles: a) procesos macro (análisis económico, demográfico y geográfico (con apoyo de SIG) de censos de población y censos económicos para reconstruir la trayectoria de los contextos regionales en los que se da el crecimiento físico y demográfico de las ciudades); b) procesos meso (análisis sociológico y demográfico de una encuesta (400 hogares en cada contexto) en relación a las trayectorias de las familias que organizan los espacios de reproducción (vivienda) y educación de sus integrantes); y c) procesos micro (análisis sociológico y antropológico de las trayectorias individuales tanto ocupacionales como de movilidad geográfica).

Nuestra ponencia contrasta los cuatro contextos territoriales y muestra cómo los cambios económicos que vive el sureste de México modifican los espacios de vida de las familias y las opciones de movilidad en los mercados de trabajo y de vivienda. En cada ámbito, las dinámicas migratorias de las diversas cohortes registran mutaciones : un patrón de movilidad regional es desplazado por otro donde empieza a dominar un espectro de movilidad a larga distancia (frontera norte/Estados Unidos/campos agrícolas de exportación/emporios turísticos). Las periferias registran una desigual capacidad para impulsar y asumir el nuevo patrón migratorio. Su espacio urbano experimenta una recomposición y los hogares tienen el reto de gestionar la economía de archipiélago que emerge con las dispersión de sus miembros.

 

 

 

 

 

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